Made with racontr.com

L'Occitania, une péniche en péril 

               À deux pas de la statue de Pierre Paul Riquet, sur les berges du Canal du Midi toulousain, une péniche aux allures futuristes flotte. L'Occitania est le dernier bateau restaurant à voguer sur le Canal. Au quotidien, ce sont sept personnes qui tentent de faire vivre la péniche en saison (de mars à septembre), puis, à partir de novembre, seulement trois employés sont mobilisés. Nicolas, le directeur opérationnel, s'est embarqué dans l'aventure Occitania en juillet 2014. 


                Après avoir terminé  sa cigarette, ce quarantenaire fluet retourne à son bureau, au fond de la petite salle où ses deux collègues l'attendent en silence. Coups de téléphone, mails, entretien du bateau et coups de gueules rythment ses journées. Il a beau être à la tête du dernier restaurant flottant de Toulouse, il peine à s'enthousiasmer quand on lui parle de sa péniche. Et il a de bonnes raisons.


Alors que l'Occitania est en service depuis 1989, les affaires ne se sont jamais aussi mal portées. En un an, le chiffre d'affaire a baissé de 30 % et rien ne semble présager des jours meilleurs. S'il regrette que les platanes soient condamnés à disparaître, c'est l'état d'insalubrité du canal qui l'inquiète plus qu'autre chose. "Il est sale, les gens jettent leurs déchets directement dans l'eau et lorsqu'on demande à VNF d'enlever les feuilles, il n'y a plus personne au bout du fil." 


Ses concurrents, eux aussi, ont du mal à sortir la tête de l'eau tant le climat économique est mossade pour les bateliers. "Pourtant, que ce soit l'Occitania ou d'autres péniches, ce ne sont pas les idées qui manquent mais à chaque fois, il y a un frein." Si aujourd'hui il parvient à ne pas couler, c'est grâce à l'apport d'entreprises qui lui envoient des clients qui représentent 70 % de son chiffre d'affaires. 


               Le midi de notre visite, aucun gourmand n'était venu goûter le menu du chef. Pourtant, que ce soit pour le déjeuner dont le départ est prévu à 12h30 ou pour le dîner programmé à 20h30, les formules proposent du foie gras, du cassoulet ou autre confit de canard. La balade, de trois heures environ, est certainement victime du fait que ce genre de repas peine à attirer plus d'une fois les clients. 


Nicolas gère aussi la péniche de croisières Capitole, dont le chiffre d'affaires n'est guère plus glorieux que celui de l'Occitania. S'il est aujourd'hui dans la tourmente, le directeur opérationnel garde l'espoir que la chance tourne et que ses revendications soient écoutées. Enfin. 


Tristan Lapierre

Entreprises implantées sur le Canal